Contribution à l’étude biologique et biochimique de Moringa oleifera Lam. (Moringaceae) et Vitex agnus-castus L. (Lamiac eae), espèces arbustives introduites au Sahara algérien

Abstract

L’étude porte sur deux espèces arbustives, le Moringa (Moringa oleifera Lam., Moringaceae) et le Gattilier (Vitex agnus-castus L., Lamiaceae), acclimatées aux conditions environnementales sévères du Sahara algérien. L’objectif de ce travail vise l’intégration de ces espèces connues des autochtones pour leurs apports nutritionnel et médicinal dans une perspective de développement rural durable en zones arides. Afin de comprendre leurs diverses utilisations traditionnelles, nos investigations ont ciblé leurs organisations morpho-histo-anatomiques, leurs principales biomolécules, leurs activités biologiques et enfin leurs stratégies adaptatives à travers leurs statuts mycorhyziens. Le screening phytochimique sur infusés a mis en évidence de nombreux métabolites secondaires (flavonoïdes, tanins, saponines, glucosides et mucilages). Le dosage spectrophotométrique UV-Vis révèle la présence de teneurs élevées à faibles en polyphénols, anthocyanidines et aglycones flavoniques (flavones et flavonols) dans les extraits d’organes végétatifs et reproducteurs. Le profil phénolique des extraits foliaires de M. oleifera décelé par HPLC-DAD renferme 47 composés dont 18 sont identifiés : 10 acides phénoliques, 5 flavonoïdes, 1quinone et 2 coumarines ; celui de V. agnus-castus, renferme 40 composés dont 9 sont identifiés: 5 acides phénoliques,2 flavones et 2flavonols. L'huile essentielle foliaire de V. agnus-castus analysée par GC-MS, renferme 68 composés volatils dont 52 (89,72%) sont identifiés, l'oxyde de caryophyllène étant le composant prédominant (31,5%). L’évaluation des activités biologiques (antioxydante, antimicrobienne, anti-inflammatoire, anti-hémolytique et biocide) des extraits natifs des deux espèces ont donné des résultats satisfaisants. En ce qui concerne l’activité anti-radicalaire, seul, l’extrait des fleurs de Moringa s’est montré actif,; celle du Gattilier est proportionnelle à celle de l’antioxydant de référence. Le potentiel antimicrobien montre qu’à la concentration de 20mg.mL-1, tous les germes bactériens et fongiques ciblés se trouvent sensibles à tous les extraits de la plante.L’extrait aqueux foliaire (25mg.mL-1) de V. agnus-castus présente une forte activité antibactérienne à l’encontre de S. aureus, alors que l’huile essentielle provoque une très forte activité antibactérienne vis-à-vis de bactéries Gram+ et antifongique contre C. albicans. L’activité anti-inflammatoire de l’extrait aqueux des feuilles de Moringa n’a enregistré aucune réponse. Quant aux extraits organiques des feuilles et des racines du Gattilier ont montré une réaction anti-inflammatoire intéressante, celui des feuilles donne une réduction de l’œdème de 59,04% par rapport celle du Diclofénac (27,73%). Le test de toxicité de la poudre foliaire de V. agnus-castus par contact, à l’égard des adultes de Rhyzopertha dominica est signalé pour la dose de 3g (0,33±0,17), au bout de 72h. Quant à l’extrait aqueux appliqué par répulsion a montré un effet très répulsif pour la dose 4µL (4,33±1,37). La longévité du capucin des grains diminue considérablement à la dose de 3µL d’huile essentielle foliaire (1,63%±1,52), au bout de 24h. Concernant l’activité anti-hémolytique, l’extrait organique (20mg.mL-1) foliaire du Gattilier a induit un taux d’inhibition de l’hémolyse de l’ordre de 75,51±2,16%. Les poudres végétales foliaires et fruitières des essences étudiées pourraient constituer un bon biofertilisant. De plus, les extraits foliaires et floraux de M. oleifera ainsi que foliaires de V. agnus-castus testés respectivement dans la formulation d’un champoing et d’un gel douche pourraient constituer de bons conservateurs naturels en cosmétologie.L’une des stratégies adaptatives au milieu aride est l’installation d’association mycorhizienne, elle est de type Paris pour le Moringa et intermédiaire pour le Gattilier.