Résumé:
Au carrefour des maladies auto-immunitaires et auto-inflammatoires à la fois, la maladie de Behçet (MB) est une pathologie multi-systémique chronique qui résulterait de nombreux facteurs environnementaux. La carence vitaminique D apparait comme un nouveau facteur fortement incriminé dans la physiopathologie de cette maladie. En effet, plusieurs études réalisées sur différentes populations atteintes de la MB ont rapporté un statut carencé sévère chez les patients. De plus, les nombreuses études entreprises sur cette maladie, notamment au sein de notre équipe, traduisent l’implication certaine et irréfutable du système immunitaire. En effet, notre équipe a rapporté l’augmentation de la production des cytokines notamment celles des voies Th1 et Th17. Le déséquilibre de la balance Th17 /Treg a été également incriminé dans plusieurs maladies auto-immunitaires. Les fortes teneurs du NO associées à la surexpression de l’iNOS chez les patients Behçet, font de lui un biomarqueur de suivi de l’évolution de cette maladie. Le rôle de la vitamine D sur les cellules immunitaires a fait l’objet de plusieurs études, notamment au sein de notre équipe. Un puissant effet immuno-modulateur de la vitamine D sur la voie NO/NF-?B a été rapportée ex vivo au cours de la MB. Ainsi, les objectifs visés par notre étude ont pour but de mettre en place une nouvelle stratégie thérapeutique chez les patients atteints de la maladie de Behçet associant thérapie classique et vitamine D. Nous nous intéresserons dans un premier temps à caractériser le statut vitaminique D ainsi que le profil inflammatoire de patients Behçet porteurs de manifestations cutanées, vasculaires ou oculaires, en étudiant le rôle des cytokines et du monoxyde d’azote, dans les mécanismes inflammatoires et immunitaires observés. Dans le second volet, nous allons étudier le rôle de la supplémentation vitaminique D sur le profil inflammatoire des patients. Situer la dose efficace et immuno-modulatrice de la vitamine D serait d’un grand intérêt pour les patients souffrant de cette redoutable pathologie. Nos résultats ont révélé que les patients Behçet, en phase active ou inactive atteints de manifestations vasculaires, cutanées ou oculaires, présentent des taux bas en vitamine D en comparaison avec les sujets sains. Cependant, nous avons observé que les patients présentant des manifestations vasculaires ou cutanées avaient un statut carencé plus sévère par rapport à ceux porteurs de manifestations oculaires. De plus, aucun des patients de ces deux groupes ne présentait un taux de vitamine D suffisant. Pour ce qui est de l’étude du profil inflammatoire, nos résultats ont révélé des taux élevés de NO chez les patients Behçet, aussi bien en phase active qu’inactive et ce quel que soit la manifestation, en comparaison avec les sujets sains. En revanche, les patients Behçet porteurs de manifestations oculaires ont montré des taux de NO plus élevés en comparaison avec ceux porteurs de manifestations cutanées ou vasculaires. Pour ce qui est des taux d'IL-17A nous avons constaté une production in vivo et ex vivo très prononcée chez les patients Behçet, par rapport aux contrôles. En revanche, en ce qui concerne l'étude de la production d'IL-10, nous avons constaté des taux faibles de cette cytokine dans le plasma des patients atteints de la MB, qu'ils se trouvent en phase active ou inactive, en comparaison avec les contrôles. Dans le second volet de notre étude relative à la supplémentation des patients en vitamine D, nous avons constaté une augmentation significative des niveaux de 25(OH)D chez tous les patients Behçet, quel que soit leur stade ou leurs manifestations de la maladie, en comparaison avec les taux avant le traitement. De manière très intéressante, les patients en phase active ont présenté des niveaux de vitamine D similaires à ceux observés chez les sujets sains. De plus, le taux de statut carencé en vitamine D chez ces patients a diminué de manière significative, et nous avons observé