Contribution à l'élaboration d'indicateurs de la désertification dans les steppes algériennes

Abstract

Dans l'étude de la désertification, devenue une préoccupation à l'échelle mondiale, des indicateurs sont employés pour un suivi critique du phénomène. Cette étude est une contribution à l'élaboration d'indicateurs de désertification. Deux principaux indicateurs ont été jugés prioritaires à savoir : l'évaluation quantitative des pertes en sol par érosion hydrique (indicateur d'impact) et la cartographie de la vulnérabilité à l'érosion hydrique (indicateur d'état). L'estimation des pertes en sol par l'érosion hydrique en nappe (PSEH) est un indicateur majeur pour suivre la désertification, préoccupante à l'échelle mondiale. Le modèle RUSLE intégré dans un système d'informations géographiques, est fréquemment employé à cet effet. Il combine cinq facteurs, le facteur de protection du sol (C), le facteur des pratiques antiérosives (P), le facteur topographique (LS), le facteur d'érodibilité du sol (K) et le facteur d'érosivité des pluies (R).

Cette étude propose une méthode originale de cartographie du facteur C représentant la couverture de protection des sols contre l'érosion en nappe, basée sur les relevés phytoécologiques et la télédétection en combinaison avec un système d'information géographique (SIG). Deux sous-facteurs de C, la couverture de la canopée (CC) et la couverture du sol (SC), peuvent être évalués à partir de mesures phytoécologiques qui incluent le recouvrement par les cailloux-graviers et la végétation annuelle et pérenne. Les données phytoécologiques ont permis de différencier les effets tridimensionnels de la végétation (hauteur et couvert) sur les parcours steppiques qui ont un impact majeur sur l'effet d'éclaboussure, où une approche basée uniquement sur NDVI présente des limites.

Une classification supervisée est appliquée aux données radiométriques des images satellites Landsat-8/OLI. Ensuite, une valeur de facteur C, est attribuée à chaque unité d'occupation du sol. La méthode est illustrée sur une région pilote de 3828 km2 dans l'Atlas saharien, composée de parcours et de formations steppiques, appelée à devenir observatoire. Sur cette zone, outre la topographie, la végétation et l'érosivité des pluies présentent une dynamique spatio-temporelle importante. L'effet protecteur de la végétation, relativement faible (0,77), est considérablement renforcé par la conjonction de la végétation et des cailloux-graviers (0,37). Les valeurs moyennes pondérées des PSEH potentielles et réelles, respectivement de 11.3 et 4.8 t.ha-1.an-1, dépassent le seuil de tolérance moyen estimé à 3.75 t.ha-1.an-1. L'effet protecteur contre l'érosion des graviers (50%) est plus de deux fois supérieur à celui de la végétation (23%). Le facteur C dérivé du NDVI (0,67) est plus élevé et mieux réparti que celui combinant ces deux contributions (0,37 en moyenne).

Les résultats révèlent une dynamique régressive qui rend de plus en plus stériles des terres déjà peu fertiles. Les résultats ont été impliqués dans les stratégies de lutte contre la désertification. Le produit final du travail consiste en une zonation de la vulnérabilité à l'érosion hydrique, proposée pour faciliter la prise de décision pour une bonne gestion, une surveillance et un suivi régulier à long terme des écosystèmes.

Un aménagement antiérosif est prioritaire, une restauration et une réhabilitation des parcours sont à proposer en urgence aux décideurs.