Anticorps antithyroïdiens et leur rôle possible dans l'infertilité chez la femme

Abstract

L'infertilité touche environ une personne sur six, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2023. Parmi les facteurs impliqués, la thyroïdite auto-immune (TAI) est souvent associée à des troubles de la fertilité et à des complications de grossesse. Cependant, les données issues de la littérature restent controversées, et les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore totalement élucidés. Cette thèse a pour objectif d'explorer les liens entre les anticorps anti-thyroperoxydase (anti-TPO) et l'infertilité à travers quatre axes principaux : (1) déterminer la prévalence des anti-TPO chez des patientes en parcours de procréation médicalement assistée (PMA) en Algérie, (2) évaluer une éventuelle association entre la présence d'anti-TPO et les causes d'infertilité, (3) rechercher la présence d'anti-TPO dans le liquide folliculaire, et (4) étudier l'expression de la thyroperoxydase (TPO) et de la thyroglobuline (TG) dans le système reproducteur féminin. Une étude mixte, prospective et rétrospective, a été réalisée sur un total de 3500 patientes ayant consulté au CPMA Tiziri et pour lesquelles les anti-TPO ont été dosés par ECLIA. Pour explorer la relation entre les anti-TPO et les causes d'infertilité, une analyse comparative des fréquences et une régression logistique ont été effectuées. Une cohorte de 30 patientes en FIV a été recrutée pour analyser la présence d'anti-TPO dans le liquide folliculaire. Des analyses immunohistochimiques ont également été réalisées sur des échantillons d'endomètre et de cellules de la granulosa. Les résultats indiquent une prévalence de 17,5 % des anti-TPO dans la population étudiée. D'après nos résultats, les anti-TPO ne semblent pas être associés aux pathologies gynécologiques identifiées dans notre population. Toutefois, ces anticorps sont détectables dans le liquide folliculaire des patientes présentant un taux sérique d'anti-TPO supérieur ou égal à 172,9 UI/ml. Enfin, l'analyse immunohistochimique a mis en évidence l'expression de la TPO et de la TG dans le système reproducteur féminin, suggérant une action directe possible des anticorps antithyroïdiens à ce niveau. Cette étude apporte de nouveaux éléments sur la relation entre l'auto-immunité thyroïdienne et l'infertilité, en mettant en lumière l'implication potentielle des anti-TPO dans le microenvironnement ovarien et endométrial. Ces résultats ouvrent des perspectives intéressantes pour de futures recherches sur les interactions entre la fonction thyroïdienne et la fertilité, et pourraient contribuer à une meilleure prise en charge des patientes en PMA.