Etude de l’impact de l’anthropisation de la côte algérienne sur la biocénose à macroalgues benthiques :

Abstract

Les zones côtières rocheuses de la Méditerranée et de la mer Noire constituent 50% du linéaire côtier et revêtent une importance écologique, scientifique et socio-économique majeure. Elles abritent en effet une biodiversité remarquable et servent d'indicateurs sensibles des changements environnementaux. L'Algérie, avec ses 1 622 km de façade maritime et 37% de sa population résidant sur le littoral, illustre bien ces enjeux environnementaux en Méditerranée. Cette étude se concentre sur six sites (KOU1 et KOU2 (Kouali ; Tipasa), FON (Fontaine ; Aïn Bénian), FDE (Fort de l'eau ; Bordj El Kiffan), ANC (Ain Chorb ; Ain Taya), et TEN (Ténès ; Chlef)), sélectionnés le long de la côte algérienne, représentant un large éventail de pressions anthropiques. L'objectif était d'évaluer l'impact de l'anthropisation sur la biocénose à macroalgues benthiques, en utilisant leur potentiel en tant que bioindicateurs de la qualité écologique des milieux côtiers. Pour cela, des relevés phytosociologiques standardisés et des analyses en laboratoire ont été réalisés. Les résultats révèlent une richesse de 116 taxons de macroalgues, avec une prédominance des Florideophyceae, et des variations de diversité selon les sites, les zones urbanisées montrant une biodiversité réduite. L'indice de qualité des fonds rocheux (CFR), basé sur la composition et l'abondance des macroalgues, a classé les sites selon leur qualité écologique : bonne à élevée dans les sites occidentaux comme TEN, KOU1 et KOU2, où l'on trouve les espèces caractéristiques compétitives des Cystoseira sensu lato, et moyenne dans les sites centraux comme FON, FDE, et ANC, dominés par les espèces tolérantes au stress comme Pachymeniopsis lanceolata, Ellisolandia elongata et Halopteris scoparia, ainsi que les espèces opportunistes Ulva rigida, Ulva lactuca et Ulva linza. L'indice CFR a été comparé aux indices EEI-c et CARLIT, et on peut noter que les trois indices utilisent différentes échelles spatiales, niveaux biologiques et classifications des espèces. L'analyse des corrélations et l'ACP montrent que la richesse spécifique est liée aux indices de diversité (Shannon, Simpson). L'indice d'équitabilité présente les liens les plus forts avec divers paramètres écologiques, tandis que les Ulvophyceae sont associées à une moindre qualité environnementale contrairement aux Phaeophyceae. L'indice CFR, comparé aux indices EEI-c et CARLIT, est un outil utile pour évaluer la qualité des eaux côtières et démontre l'impact significatif de l'anthropisation sur les communautés macroalgales des côtes algériennes. Les résultats suggèrent que l'approche combinée des différents indices permet une évaluation plus complète de la santé des écosystèmes côtiers, essentielle pour leur gestion et leur conservation à long terme.